Résidence de Guisane Humeau

Juin 2021 / La réalisatrice en résidence d’écriture.

Temps Mort, documentaire chorale et personnage mosaïque

Un après-midi de travail de bureau particulièrement plat, j’ai découvert l’ASMR. Des centaines de milliers de vidéos en streaming ayant pour seul objectif de générer des sensations agréables de picotement sur le crâne grâce à des sons : tapotements, tissus frottés, mousse à raser… J’ai plongé dedans. Ces sons minuscules, à la limite du silence, me remplissaient complètement, ils enveloppaient mes pensées d’un cocon flou. On ne peut pas fermer les oreilles comme on ferme les yeux. Même dans une pièce complètement insonorisée comme une chambre anéchoïque, mon oreille peut percevoir le son de mon cœur qui bat et du sang qui circule dans mes veines. L’ASMR est finalement partout dans mon quotidien, il suffit que j’y prête attention. Ce remède discret à l’ennui me donne l’illusion de ne rien faire. Et quoi de plus compliqué que de ne rien faire ?

Je me sens prise dans un mouvement perpétuel de changements et d’adaptations, agité par le flux des expériences humaines. Mon téléphone m’offrent sa surface lisse pour combler le moindre vide. A tout moment je peux l’habiter de vidéoclips, de renard sauvés des eaux, d’articles sur la collapsologie, d’interactions. Dans ce torrent, l’ennui est un moment où je sens comme jamais passer le temps. Où je peux l’observer. Et par la même occasion, faire une pause dans l’activité. M’arrêter enfin. Si selon Einstein et sa théorie de la relativité, la gravité peut influencer l’écoulement du temps, pourquoi ne pas imaginer que nos perceptions et nos émotions agissent elles aussi concrètement sur le temps ?

A propos de l’artiste

Après des études universitaires où elle s’intéresse à l’une des premières communautés virtuelles « The WELL », Guisane entre en 2013 au CREADOC, master « documentaire de création » à Angoulême, où elle découvre le documentaire sonore et sa puissance immersive. Le collage sonore, l’écriture et l’improvisation de textes sont aujourd’hui ses modes d’expression privilégiés. Elle aime parler de mémoire, de temps et de corps. Elle fait partie des collectifs de création « Les Menstruelles » et « La Disquette » avec qui elle continue joyeusement d’expérimenter à Toulouse ou à distance. Depuis deux ans elle explore ce que nous fait l’ennui, qui n’est peut-être pas toujours désœuvré, pour un projet de création sonore documentaire, « Temps mort ».

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